TEXTES

DRUGSTORE, DIX-HUIT HEURES

Paroles: Pierre PHILIPPE
Musique:Thierry MATIOSZEK

Je trouve çà, comment dire, d'un goût épouvantable...
Pour l'Occident chrétien, cher ami, nous luttons!
Tu veux rester là ou tu veux changer de table?
Craignez pour le dollar un retour de bâton
Elles sont en pur croco garanti véritable
J'ai faim, avant minuit je dois faire un micheton

Avez-vous, là-dessus, lu le billet du "Monde"?
Ouais, le clip vidéo sera l'art de demain
Garçon! Elle est à quoi votre coupe Rosemonde?
J'ai dit, pour Gorbakine, je signe des deux mains.
Je n'ai que vingt-quatre ans, je ne suis pas encore immonde
Et malgré çà j'ai faim, j'ai faim, que c'est pas humain.

Un pull sublime, je te dis, chez Machin, Rue de Rennes
Non, je l'avais déjà vu en projection privée.
Le chef-d'oeuvre d'Aragon reste "Le Con d'Iréne"
N'importe quoi, n'importe qui, je veux pas encore crever
"Salut Bonsoir Alors beauté, on se promène?"
Il est vieux, il est moche, c'est le client rêvé.

Dans une coupe de champagne, un petit doigt de gin
Simplement insensé, le dernier Guidoni!

Très audacieuse, dis-donc, la déchirure du jean
C'est pour que nul n'ignore que partout t'as bruni
Pendant le festival, à Cannes, comme j'imagine?
L'Etna, c'est moi - lui dis-je - et ma peinture, ma lave.
Avec tes cheveux trop blonds, tu ressembles à Johnny.
A Johnny tu crois? - oui - moi je le trouve hideux
Tiens, toujours sur le turf, ce bon sang de Yougoslave ?
Lui si bandant naguère, il est devenu merdeux
Voilà où mène le vice quand on en est l'esclave
Bon, alors dis, comment on S'arrange tous les deux?
Cinq cents? Tu n'y penses pas, je t'en donne deux au pire
C'est l'été, mon enfant, la viande est à foison
Ma femme est à la Baule et je joue les vampires
Le drugstore est ma chasse, ton tombeau ma maison
Allez, deux cent cinquante, mais parce que tu m'inspires

Et avec votre steak? une salade de saison
J'ai pris le dernier Duras en passant à la Hune
Pas question de marchander, il a dit ce sera tant
Hier à Ibiza, nous allions sous la lune...
Alors, j'ai dit: c'est loin, bien loin l'Afghanistan

© 1985. Avec l'aimable autorisation des Editions Universal Music Publishing. Tous droits réservés.

ALICE ET ALFRED (retraités)

Paroles: Pierre PHILIPPE
musique: Thierry MATIOSZEK

Questionnez pas la vieille
Qui entre à petits pas
Car elle est dure d'oreille
Et ne répondrait pas
A vos traits de malice
Ou de curiosité
Laissez, laissez Alice
Boire sa tasse de thé
Observez-la qui lèche
Son gâteau brioché
On voit bien que la blèche
N'a pas fait que lécher
Le sucre des gaufrettes
Que de jeunes paysans
A la foire de la Frette
Offraient à ses quinze ans
Sachez qu'ensuite Alice
Sut se montrer Sexy
Près d'un empereur du vice
De passage et qu'ainsi
Le gentil Fragonard
Fit ses premières saisons
De bouic en bobinard
De bousbir en boxon
Alice y batifole
Amassant la monnaie
Pour, fin des années folles
Entrer au Chabanais
Dont elle épuise les hôtes
Avant que d'épouser
Le maquereau de la haute
Qui tient ce claque aisé
La république cruelle
En bouclant son foutoir
Seule changea la maquerelle
En dévote notoire
C'est ainsi que les radasses
Ont de vibrants adieux
La toute dernière des passes
Elles la font avec Dieu

Respectez la clôture
Rafraîchie tous les ans
D'une verte peinture
Par ce rhumatisant
Ce doux vieillard qui taille
Ses roses en espalier
Il a mené bataille
Et si vous le vouliez
Sortirait de sa housse
L'uniforme fatigué
D'un ancien petit mousse
Qu'a beaucoup navigué
Qui en a vu de raides
De vertes et de salées
Laissez, laissez Alfred
Soigner ses azalées
Car la profonde France
Pourrait juger vilain
Comment dès Recouvrance
L'enfant vêtu de lin
S'épargnait les tortures
De la dèche, dit-on
En forçant sa nature
De fier marin breton
Comment lui vint des filles
Les courbes et la diction
Et comment à la quille
Lui vint la vocation
Comment en fin de semaine
Ils se pressaient chez Graff
Les parrains par dizaines
Du cher petit mataf
Qu'était plus de la Royale
Bien qu'il eût un hamac
Entre Blanche et Pigalle
Tendu entre deux macs
Quand la nuit parisienne
Installait des tropiques
Autour de la vespasienne
Du bas de la rue Lepic

Universal Music Publishung & Max Music
© 1985. Avec l'aimable autorisation des Editions Universal Music Publishing. Tous droits réservés.

 

CHIENS

Paroles: Pierre PHILIPPE
Musique:Thierry MATIOSZEK

Par les rues
Je te sens partout
Comme le chien qui sent la chienne
Je m'embusque dans le bistrot aux vieux néons violets
M'écorcher les yeux à tes volets
Tu es là, je sais, sous un autre homme
Qui te fait l'amour
Je vois ses reins creusés comme
Sous un poids trop lourd
Je vois ses yeux chavirer
J'entends sa voix délirer
Je suis, sans me faire connaître
Celui-là qui te pénètre
Aime-moi
Dans le corps des autres
Embrasse-moi sur leurs lèvres
Et crois que celui qui met cette fièvre
En toi
Ce n'est pas l'autre
C'est moi

Quand ils aiment
Les pauvres types comme moi
Qui ils aiment?
Les pauvres filles comme toi
Toi si blême
Trop blême
Je t'aime

Et toi aime-moi
Je peux être aussi l'autre
Celle qui vend ses lèvres
Et qui te donne la fièvre
Je peux être incognito
A la fois plaie et couteau
Etre le cri, le coup
Le daim, le loup
Etre le chien et la chienne
Quand ils aiment

Les pauvres types comme moi
Ils n'ont même
Pas de code et de loi
Ils vont blêmes
Trop blêmes
Ils aiment


Universal Music Publishing & Max Music
© 1985. Avec l'aimable autorisation des Editions Universal Music Publishing. Tous droits réservés.