TEXTES

TU MOURRAS CE SOIR

(Mr Loyal)
"Approchez Mesdames & messieurs, approchez!
N'ayez pas peur...
Ce ne sont pas des phénomènes des monstres,
Que j'ai l'honneur et l'avantage de vous présenter ici..
Vous êtes venue à la fête pour vous amuser
Je veux vous amuser,
Mais le spectacle, si distrayant qu'il soit, se veut aussi éducatif!
Les parents s'y rejoueront
Et leurs enfants Y trouveront prétexte à réflexion... du moins je l'espère...
Et tenez, voici le sujet qui se prépare ...
Voyez l'ouvrier sur sa machine,
L'acrobate sur son trapèze,
Le grabataire sur son grabat,
Le militaire sur le qui-vive
Et le pervers sur son trente-et-un-
Tous,
Oui tous, vont accomplir dans quelques instants
Leur exercice le plus... difficile."

La journée est écoulée La sirène va hurler
Sinistrement dans le jour qui se fait chiche
Bientôt il ira prendre le bus
Puis sautera dans l'omnibus
Jusqu'à sa niche.
J'suis le roi de la cadence,
C'est ma drogue et ma danse
Je prend des risques,
Faut pas jouer avec les traites
Pour installer dans notre
Tout ce qu'elle aime
Ma p 'tite Jeanette-

 Madame,


C'est avec tristesse qu'au nom de la Direction nous vous informons de l'incident
regrettable qui vient de se produire dans nos ateliers. Ceci est dû sans doute à une
mauvaise observation des règles de sécurité: une enquête est ouverte

 

refrain:

Tu croyais avoir le temps,
Mais pourtant voilà l'instant
Ou rien n'a plus d'importance
Tu vois déjà le trou noir,
Le bord du grand entonnoir,
Ou elle va glisser ton existence.

L'homme rouge à brandebourg
A battu son tambour
Et c'est l'arrêt du coeur dans
chaque poitrine-
Au bout du long doigt des projecteurs,
Comme si il narguait la -pesanteur.
Il cabotine.
Ce saut je l'ai fait cent fois
Et d'ailleurs J'ai la foi
Dans mes agrès et dans mon métier d'artiste,
Pas question de mordre la poussière,
La sciure amère de la grande piste

"Mesdames et Messieurs, Mesdames et Messieurs,
nous vous prions de garder tout votre sang-froid,
ce regrettable incident ne doit en aucun cas gâcher votre soirée ...
un p'tit bravo d'encouragement,
Mesdames & messieurs, le spectacle continu!"

refrain

L'heure de la température,
Puis celle de la piqûre,
"Faut pas Pleurer, demain peut-être on se lève...
Toutes les lumières ont déclinées
La longue nuit s'est ramenée
Avec ces rêves.
Je ne suis pas tout à fait rien
Je suis un algérien
Un immigré trouvé sur la voie publique
Un jour je reverrai les orangers,
Le ciel léger de mon Afrique.

 Note
au
Service Médico-Légal

Le numéro 2508 de la salle 5
sera transféré ce matin dans votre service.
Processus d'évacuation normal
Carré Musulman de Thiais.


 Note
au
Service d'accueil

Un lit inoccupé en salle 5


refrain

Dans un décors de cratère,
A mi-corps dans la terre,
La bouche sèche, et de la boue plein les bottes.
Guettant depuis le début du jour
Ceux d'en face et ceux d'alentours,
L'homme grelotte.
Je n'sais plus c'que je défend
Je ne suis plus qu'un enfant
Qui veut rentrer dans la
maison de sa mère.
Mais bientôt quand on les aura eus,
Allez salut! adieu la guerre
Le théâtre des opérations n'aura pas connu aujourd'hui d'activité notable-
Seules quelques escarmouches ont, au cours de la soirée,
Troublées le cours des opérations.
On ne nous signale que
Quelques blessée légers et un disparus."

refrain

Belle nuit tu redescends,
pourvoyeuse de sang,
Sur Manhattan ou sur d'autre métropoles-
Ici il n'y a plus de conflit,
Mais il y stagne encore la lie
Des nécropoles-
Je me déguise en voyou
En dur, en loup-garou
En homme de cuir, bref une caricature-
Je ne sais pas ce qu'il va m'arriver,
ce club privé c'est l'aventure-

LE VICE APPELLE LE CRIME:

un nouveau meurtre sadique dans la quartier des docks.

On découvre le cadavre d'un homme atrocement mutilé
portant le harnachement bizarre des adeptes du sadomasochisme.

.

refrain

"Mesdames et messieurs,
Mesdames et messieurs merci de votre visite.
J'espère que nos numéros vous ont plus!
Vous allez quitter le champs de foire,
regagner vos demeures, bref continuer--
A cette seconde pourtant,
des hommes meurent de part le monde
dont vous ne saurez jamais rien et c'est tant mieux.
L'indifférence, dit on, fait vivre...
Et pourtant, on ne sait pas...
Et si c'était votre tour ce soir?...
L'infarctus?
Une automobile?
La foudre?
Un rôdeur?
Le hasard?
Bonsoir!

Texte- Pierre Philippe
Musique: P. Dubosson
© 1980. Avec l'aimable autorisation des Editions Universal Music Publishing. Tous droits réservés.


ALLEE DES COQUELICOTS

J'ai rencontré souvent
Dans l'épaisseur des villes
Des types comme toi
Errants sous les néons
Des fugueurs de partout
D'Asnieres ou de Belleville
Qui cherchent dieu sait quoi
Et ne sont qu'un prénom
Ils marchent sur un fil
Familiers des frontières
Pour le moindre regard
Ils te donnent leurs yeux
Ils t'offrent leur sourire
Comme entrée en matière
Ce n'est pas le trottoir
Non mais c'est sa banlieue
Puis devant un lait-fraise
Ils parlent comme en songes
En trichant sur leur âge
Ils s'inventent un destin
Mais ils ne mentent pas
Leur vie est un mensonge
Et pour la traverser
Ils n'ont qu'un jeans déteint
Toi tu ne donnais jamais d'adresse
Une fille qui faisait le tapin
T'abritait ou bien un copain
Pareil à toi dans la détresse
Tu voulais vivre dans l'ivresse
Au jour le jour, la nuit vivant
Du feu sous tes semelles de vent
Et jamais tu n'avais d'adresse

Et quoi qu'on ait juré
De vivre en égoïste
On laisse au vagabond
Les clefs de sa maison
On se trouve imprudent
Mais trop tard les artistes
Emménagent leurs T-shirts .
Leurs jeans et leurs blousons
Ils font tourner leurs disques
Sur ton électrophone
Ils font vivre les meubles
Comme font les animaux
Dés qu'ils ont l'oeil ouvert
Ils sont au téléphone
Appelant des mères lointaines
Qu'ils rassurent d'un bon mot
Alors pendant qu'ils prennent
Des bains interminables
On cherche à mieux savoir
Qui sont ces va nus pieds
On se trouve bourgeois
On se trouve minable
Mais on fouille leur blousons
Et on lit leurs papiers

Toi tu avais bien trop d'adresses
Du manque d'amis tu te plains
Oui mais tes carnets en sont pleins
Comme ceux des mecs à la redresse

Il y a des stars du show-business
Des filles que tu n'aimas un jour
Des petits dealers de Beaubourg
Mêlés dans tes carnets d'adresses

Ils imprègnent ta vie
D'un parfum d'aventure
Et jouent avec la leur
Tout comme au cerf-volant
T'opposent à tes amis
Et bousillent ta voiture
Mais font du moindre geste
Un acte étincelant
Ils ont de grands projets
Auxquels ils ne croient guère
Ils sourient tristement
Quand on leur dit demain
Ils savent qu'ils se font
A eux mêmes la guerre
Et t'échappent en faisant
Un signe de la main
Puis rentrant au matin
Après une nuit dingue
Ils font couler l'eau
Pour faire croire qu'ils s'en nettoient
En plaisantant encore
Ils enfoncent la seringue
Et sans un mot d'adieu
Ils viennent mourir chez toi

Maintenant tu as une adresse
C'est dans l'allée des Coquelicots
Là ou les pleurs n'ont pas d'échos
Entre les cyprès qui se dressent
Que les doigts d'un ange caressent
Puisque les miens sont impuissants
Ton long corps qui va pourrissant
Couché à ta dernière adresse

Paroles:Pierre Philippe
Musique: Astor P
iazzolla
© 1982. Avec l'aimable autorisation des Editions Universal Music Publishing.
Tous droits réservés.

Y'A UN CLIMAT

Paroles: Jean GUIDONI /Maurice FANON
Musique: Michel CYWIE

Y:a des jours j'me dis
Y a un climat quelle drôle de vie
Y'a des jours dérisoires
Où j'pleure de rire dans mon mouchoir
Y'a des jours j'me dis
Y'a un climat ça vagabonde
Y'a des jours dans Paris
Ça vague à l'âme, ça vague à Londres
Y'a des jours j'me dis
Y'a un climat, y'a un feeling
Un truc anglais un truc en cheese
J'voudrais épouser la Tamise
Alors j'm'êcris des lettres de tendresse
Et j'pars sans laisser d'adresse
J'joue du coeur, j'joue du poing
Jm'aime trop certains matins
Y'a des jours j'me dis
Y'a un climat y'a pas à dire
Y'a des jours d'avaries
A s'faire sauter la pompe à vie
Y'a des jours j'me dis
Y'a un climat de fin du monde
Cette nuit s'ra ta dernière nuit
Ta dernière bière, ta dernière blonde
Alors j'm'écris des lettres de menace
Et j'me suis à la trace
Pas à pas, "haut les mains"
J'me hais certains matins... certains matins
Alors j'me dis, j'ouvre les vannes

J'rêve d'être un delta plane
Pour m'envoler au d'ssus du monde
Une trompette à la main... une trompette à la main
Y'a des jours j'me dis
Y'a un climat dans mon quartier
Une odeur de tartine au beurre
Qui fait des yeux dans mon café.
Y'a des jours j'me dis
Va un climat, y'a rien à faire
A quoi ça sert de faire l'amour
Si l'amour se prend pour la guerre
Alors j'm'écris des lettres anonymes
Pleines d'amour et de crimes
J'crache au ciel, j'crache sur rien
J'm'écoeure certains matins
Alors, j'me dis je ferme les vannes
J'revends mon delta plane
Et je m'écrase comme tout le monde
Un whisky à la main...
Y'a des jours j'me dis
Va un climat, quelle drôle de vie...

Éditions P.P.R
© 1980. Avec l'aimable autorisation des Editions Universal Music Publishing.