Scène 1989

Jean Guidoni à L'européen
Mars-Avril 1989

 

 C'était il y huit ans. Le début des années 80, une éternité...

Lui le Marseillais marchait dans la grande ville. Et moi, le Niçois aussi...

j'ai eu alors la chance de croiser ses pas, ici, dans ce Théâtre en Rond où nous sommes quelques uns à revenir comme en pèlerinage. Oui, à l'époque, ça devait s'appeler le Théâtre en Rond. Avant que le lieu ne subisse un lifting et ne soit rebaptisé.

Il y a eu le coup de foudre bien sûr. Mais au-delà, quelque chose de plus étrange, de plus brutal, de plus à vif. Le choc de ces fantômes partagés: présence des morts, parfums nauséabonds de ces époques troubles qui nous ont accouchées. Trénet passait par là avec ses faunes; ce légionnaire côtoyait un drôle de vieux grand-père de France, l'ex-maréchal Pétain; il y avait Djemila dont on ne savait vraiment si elle était une beur des Halles ou si elle sortait tout droit d'un bordel algérois de Duvivier!

Il existe une aristocratie de tombés de l'époque qui vit comme cela à la fréquentation des fantômes. Fantômes les plus divers au magasin des accessoires de notre mémoire; les plus flamboyants; les plus sombres; les plus kitsch; les plus abjects aussi.

Amant furtif mais conséquent de tous ces fantômes, Guidoni n'est pourtant pas un nostalgique professionnel, et c'est ce qui m'attache à lui aussi. Sa nostalgie n'est pas univoque, l'exemple de tant d'autres. Elle n'est pas polissée/policée.

C'était il y a huit ans, je crois. Nous continuons à marcher dans la ville. Avec toi, Jean.

Georges-Marc BENAMOU

 
 Jean Guidoni

 J'observe depuis quelques années, quelques spectacles, incrédule et quelque peu, étonné, l'image que les autres, vous autres, enfin le public me renvoyez, image nette et pourtant si floue de l'artisan de la chanson que je m'efforce d'être.

Quelques années, quelques spectacles à me poser des questions qui se régénèrent avec une telle vigueur que bien souvent elles me laissent ivre d'incertitude.
Alors, le me ferme, je me renferme, je creuse une terre bien trop friable, le regarde le sable couler, le temps passer, je me regarde et je regarde les autres.
Alors, tout simplement je prépare un au spectacle.
Espérant que ce nouveau spectacle, ce petit dernier, tant par sa forme que par là son fond apportera quelques réponses et ouvrira quelques issues à ces chambres fortes où vous et moi stockons nos angoisses.

Ce nouveau spectacle, c'est moi, revu et corrigé par mes doutes, mes erreurs, mes faiblesses, mes souffrances et mes joies...

Pour celui-ci, j'ai choisi d'abord l'instrument que je préfère; le piano, il y aura deux pianos pour être précis, et deux pianistes pour être encore plus précis :

Shinji URAKAKE et Tatsuya Hayashi à qui je souhaite la bienvenue.
Des chansons posées et arrangées différemment des chansons que j'ai confiées à Michel PREZMAN pour qu'il en élague les notes, l'accompagnement Je lui ai demandé daller à l'essentiel musicalement et émotionnellement.

J'ai demandé à Michel CYWIE de poser sur trois nouveaux textes ses mélodies.
J'ai proposé à Marcia-Ann BARTLEY de mettre mes mots dans sa gorge pour y apporter en cadeau la complicité et l'amitié qui nous unissent.

Je donne un coup de chapeau à Monsieur PREVERT.

Je remercie mon vieux complice TOM (Gérald IRTHUM) de bien vouloir envoyer ses lumières pour animer le décor.

Pour le son Alain SEBAOUN sera présent et j'en suis heureux.

Alors, fatalité, on m'a demandé de revenir chanter là où pour la première fois, il y a cinq spectacles, j'ai osé me montrer tel que j'étais ou tel qu'un jour je pourrais être, merci

Alors, peut-être qu'avec un peu de chance, vais-je apercevoir en entrant sur cette scène, celui que j'étais, qui m'attendra pour me tenir la main ou alors, magie du théâtre, ce sera celui que je suis devenu qui lui soufflera quelques conseils.

Je vous souhaite une bonne et douce soirée.

Jean GUIDONI.

En Novembre 1980 c'est au théâtre en rond, fermé depuis plusieurs années, que tu t'imposes au public parisien.
Ce théâtre malheureusement refermz ses portes quelques mois après ton succès.
C'est en Juin 1987, dans ce lieu promis à la démolition, qu'après d'énormes travaux de rénovation, s'installe l'E.S.A.T. (Ecole Superieure des Arts et Technique) qui forme de jeunes créateurs et Constructeurs d'Agencement spatial, dans des domaines tels que : l'architecture intérieure, le décor de Théâtre, cinéma et télévision, ainsi que l'ATELIER HOURDE qui prépare aux concours des grandes Ecoles Supérieures d'Art ; en septembre 1989, une troisième école viendra se greffer au Groupe :
L'EUROPEEN GRAPHIC DESIGN.

Ces écoles travaillent au sein même de l'ex-THEATRE EN ROND; cet ancien théâtre, nous ne pouvions pas le pas le laisser seul.

Nous nous devions de le faire revivre, de lui redonner sa vocation première ; c'est ainsi que L'ESPACE EUROPEEN est né en Octobre 1988 avec 2 pièces :

- "LA FACE CACHEE D'ORION"
- - ADIEU MONSIEUR TCHEKHOV

Mais c'est toi, JEAN qui va redonner ses lettres de noblesse à ce Music-hall si longtemps oublié, car je sais que tes spectacles offrent des ambiances rares qui tracent la route entre la descente aux enfers et les crimes de la folie quotidienne, parce qu'il, parce qu'il y a de la folie dans les soirées.

Merci Jean d'être avec nous pour cette aventure.

Jean Claude AUCLAIR.

 Marcia Ann Bartley
Marcia Ann Bartley.
 Jean Guidoni

 Jean Guidoni
A L'ESPACE EUROPEEN

Accompagné par

Shinji URAKABE et Tatsuya HAYASHI
Avec Marcia Ann BARTLEY

ETUDE CONTRE REVOLUTIONNAIRE (Michel PREZMAN)
LA CHANSON DE L'HOMME (Jacques PREVERT/Georges AURIC)
MORT A VENISE (Jean GUIDONI/Pascal AURIAT)
Y'A UN CLIMAT (Jean GUIDONI-Maurice FANON/Michel CYWIE)
CHANSON POUR LE CADAVRE EXQUIS (Pierre PHILIPPE/Michel CYWIE)
LA CHANSON DE MANDALAY (Pierre PHILIPPE/Kurt WEILL)
L'AMOUR MONSTRE (Pierre PHILIPPE/Carlos d'ALESSIO)
DJEMILA (Pierre PHILIPPE/Michel CYWIE)
LA CHANSON DANS LE SANG (Jacques PREVERT/Joseph KOSMA)
CE SONT DES CHOSES QUI ARRIVENT (Jean GUIDONI/Alain LACOMBE/Pascal AURIAT)
LA FEMME TATOUEE (Jean GUIDONI/Michel CYWIE)
CASINO DE LA MORT (Jean GUIDONI/Michel CYWIE)
VIE DE FAMILLE (Jacques PREVERT/Hans EISLER)
VIRIL (Pierre PHILIPPE/Michel CYWIE)
MIDI-MINUIT (Pierre PHILIPPE/Michel CYWIE)
MARSEILLE (Jean GUIDONI/Pascal AURIAT)
JE POURRIS CAMARADE (Jean GUIDONI/Pascal AURIAT)
JE MARCHE DANS LES VILLES (Pierre PHILIPPE/Michel CYWIE)
L'HORLOGE (Jean GUIDONI/Michel CYWIE)

ARRANGEMENTS MUSICAUX DE SCENE : Michel PREZMAN
CONCEPTION LUMIERE : Gérald IRTHUM
SON: Alain SEBAOUN

Le bouquet de fleurs est conçu et réalisé par Annick VERDUSEN
Les photographies du programme sont de Bruno de MONES
La robe de Miss BARTLEY a été crée par Guy John DENY'S

Alors à force de faire de dire qu'on est seul
On se retrouve seul.
Alors, à force de dire qu'on est seul,
On finit par se méfier.
Quand la solitude vire à l'isolement
Tout ment
Eperdument.

Jean Guidoni.

 Jean Guidoni & les pianistes