Scène 1980


  • Théâtre en Rond (Paris 3 Novembre au 8 Décembre 1980)
  • Olympia (Paris, 9 Juin 1981)
  • Printemps de Bourges (Avril 1981)




Jean Guidoni au Théâtre en Rond
3 Novembre au 8 Décembre 1980.

 Affiche Jean Guidoni

 Le Théâtre en Rond de Paris

direction: Paquita Claude
en accord avec Marcel Rothel et Gabriel Courlet
présente

JEAN GUIDONI

à partir du 3 novembre 1980

 Jean guidoni

 Je sais bien qu'on n'aime pas qu'un chanteur parle... Tais-toi et chante!

Et pourtant, ce soir, avant de commencer, j'ai envie de vous parler. Un peu. Parce que le presque inconnu que je suis se doit de dire pourquoi, tout à l'heure, il va avoir le culot de se jeter sur cette piste noire.

Presque inconnu je suis, oui. Mais pas débutant, non.

Voilà quelques années que j'ai commencé à me colleter avec ce métier, à partir de mon Toulon natal.

Quelques années que je cherche. Que je me cherche. Des années à essayer de trouver ma mesure. Et trop souvent contraint à épouser les mesures des autres. Et puis, un jour, il n'y a pas longtemps, la sensation de m'être trompé de vêtement. Il allait peut-être bien aux autres, cet uniforme qu'on prétendait m'imposer, mais il fallait à tout prix que je l'arrache de moi et que je le jette.

Je me suis révolté. Socialement, artistiquement. J'ai largué l'image de moi que les "grands électeurs" de ce métier programmaient, et les succès de circonstance.

Je suis parti sur des chemins de traverse. Et j'ai fini par y rencontrer des gens qui, comme moi, se cherchaient. Michel Cywie, d'abord, effrayé par la vacuité d'un système dans lequel il s'était taillé pourtant, déjà, une jolie place. Pierre Philippe, ensuite, dont j'avais remarqué le travail auprès d'Ingrid Caven.

Je n'était plus seul. Avec eux, j'allais pouvoir jouer mon propre jeu, dans le décor de ces chansons que je vous présente aujourd'hui et avec lesquelles je vais me battre. Douze chansons, plus deux dues à Philippe Dubosson, plus une pour saluer Caetano Veloso, plus une encore pour saluer Marianne Oswald.

J'ai choisi le petit cirque noir du Théâtre en Rond de Paris pour vous rencontrer sans masque, sans recul. Et aussi, parce que ce fut autrefois un des hauts-lieux du music-hall. Il me semble que je peux y trouver le public que j'espère. Le vrai.

Et moi, petit chrétien jeté aux lions, je dois non seulement ne pas me laisser dévorer, mais apprivoiser ces lions, mieux, me faire aimer d'eux. De vous. Le réussirai-je?

Dans une heure, je le saurai. Mais que votre pouce soit dirigé vers le bas ou le haut, au bout de cette piste, sachez que je vous suis reconnaissant d'y être présents, ce soir, autour de ma peur, de ma volonté et de mon espoir.


 Scene bouffe du Nord

Pas une fois, en tournant le coin de la rue Biot, je n'ai pu éviter de bousculer ce gamin émerveillé que ses parents traînaient à "l'Européen", à la fin des années trente. J'en ressortais hanté de visions magiques: Fréhel, énorme et sublime, travestie en Mayol; Jean Lumière masqué par le micro axial, et de qui je cherchais l'œil de verre; la minuscule Mireille, blonde et rose, accrochée à son immense piano blanc, et tant d'autres, connus et inconnus, dont une attitude, un mot, une entrée ou une sortie de scène ont marqué le petit garçon que j'était tout autant qu'à d'autres enfants, moins heureux, les stances du Cid, les imprécations de Camille ou le récit de Théramène.

Cher "Européen", à l'inépuisable (du moins je le croyais) stock de taps de velours aux couleurs changeantes, subtilement accordés aux costumes des artistes… Cher Henri Poussigue dont la main levée, au-dessus de l'orchestre, ouvrait les vannes d'un immense bonheur… Et chère petite présentatrice, ancêtre endiablée de nos speakerines d'aujourd'hui, surgissant d'un flot de velours abricot pour annoncer le numéro suivant avant le sacramentel "Eh hop!" repris par la salle.

Aujourd'hui, je regarde Jean Guidoni, seul au milieu de la piste noire, sous ce plafond, également noir, dont le stuc doit bien garder quelque écho des temps enfuis, et j'admire comme le destin sait si bien cligner de l'œil et nouer des fils qu'on croyait à jamais rompus et dispersés dans les galaxies de la mémoire.

J'écoute Jean Guidoni qui m'a ramené ici, comme un sourcier, infailliblement, devine le filet d'eau caché sous les concrétions minérales. Jean Guidoni qui, il y a un an, frappait à la porte d'un homme surpris, réticent, vaguement flatté, et lui demandait, l'air innocent, de l'aider à trouver le chemin de la fameuse source…

Jean Guidoni qui ne savait rien et qui savait tout. Jean Guidoni qui regardait son époque, son métier, son art, avec des yeux incrédules et avait entrepris sa propre révolution, avec l'obstination rouée de ceux qui ne peuvent pas se satisfaire des normes en vigueur et des certitudes incontrôlées. Jean Guidoni avec qui, durant cette année, j'ai déblayé tant d'idées et de perspectives chaotiques pour retrouver cette route qui ne pouvait que nous amener ici, sous ce ciel de stuc noir, où nous attendait sans impatience le petit garçon émerveillé que je fus.

J'ai regardé et j'écoute Jean Guidoni et je crois que les grandes ombres qui se glissent forcément ici ce soir, en se demandant sans doute avec une curiosité ironique ce que ce jeune homme lui aussi hanté vient y chercher, ne vont pas tarder à faire silence, à s'asseoir parmi nous et, dans un instant, à reconnaître en lui l'un des leurs.

PIERRE PHILIPPE

 Jean guidoni

 JEAN GUIDONI

 

accompagné par Roland Romanelli (direction d'orchestre, accordéon et claviers synthétiseurs),
Pierre Louvet (piano), Didier Benetti (percussions) et Bernard Jambou (guitare basse)

 JE MARCHE DANS LES VILLES
Pierre Philippe / Michel Cywie
 IL Y A
Pierre Philippe / Michel Cywie
 CHEZ GUITTE
Pierre Philippe / Michel Cywie
TU MOURRAS CE SOIR
Pierre Philippe / Philippe Dubosson
 MIDI-MINUIT
Pierre Philippe / Michel Cywie
VIRIL
Pierre Philippe / Michel Cywie
 SIRROCO
Jean Guidoni / Michel Cywie
DJEMILA
Pierre Philippe / Michel Cywie
 MON ONCLE A TOUT REPEINT
Jean Nohain / Hanns Eisler
 CHANSON POUR LE CADAVRE EXQUIS
Pierre Philippe / Michel Cywie
 L'ECORCHEUR D'ENFANTS
Pierre Philippe / Tony Duvert / Philippe Dubosson
 Y'A UN CLIMAT
Jean Guidoni / Maurice Fanon / Michel Cywie
 LA MAISON MORTE
Pierre Philippe / Caetano Veloso
 LA CHANSON OPTIMISTE
Pierre Philippe / Michel Cywie
 LE VOYAGE
Pierre Philippe / Michel Cywie
 et, sous réserve
EROS VANNE
Maurice Donnay / Michel Cywie

 Autour de Jean Guidoni

Jean Guidoni

 

Jean Guidoni remercie Paquita Claude pour son accueil, et Pascal Leguen pour son aide précieuse. Il serre la main de Jerry di Giacomo pour son assistance dans "Tu mourras ce soir", et celle de Roland Faure pour les accessoires du spectacle. Il baise celle de Marthe Mikol qui a exécuté ses costumes de scène. Il salut Sophia Morizet et Jean-Pierre Ledos qui ont su le photographier, ainsi que Lise Lemaire et Alain Duverger qui ont été ses attachés de presse efficaces.
Ses chansons sont éditées par Allo Music et par Est-Ouest Music.
Régie du spectacle: Vincent Simon.

 
 Max Amphou  Max AMPHOUX Le jeune éditeur de Allo Music a découvert bien des talents (Demis Roussos et Marie-Paule Belle par exemple) avant de découvrir celui de Jean Guidoni.
   Didier BENETTI Le benjamin de l'équipe. Il a été l'élève de Jacques Delécluse avant d'obtenir un Premier prix du Conservatoire et de tenir les percussions de l'Opéra.
   Gabriel COURLET Le jeune directeur de Est-Ouest Music édite Catherine Lara et Angelo Branduardi. Il a aussi produit le nouvel album de Jean Guidoni, distribué par R.C.A.
 Michel Cywie  Michel Cywie Après bien des succès, ce mélodiste-né a travaillé exclusivement pour Jean Guidoni. Il a composé douze des chansons du spectacle et toutes les musiques du nouvel album.
 Philippe Dubosson  Philippe DUBOSSON Elève d'Eliane Richepin pour le piano, compositeur, il a écrit à la demande de Pierre Philippe, ses toutes premières chansons pour Jean Guidoni.
 Terry Glover  Terry GLOVER Le sourire et le charme de l'équipe. mais elle sait être aussi, en compagnie de Gabriel Courlet, l'animatrice tenace et avisée d'Est-Ouest Music.
 Bernard Jambou  Bernard JAMBOU Il a été contrebassiste classique avant de découvrir sa voie : la guitare basse, instrument pour lequel il vient d'ailleurs d'écrire une méthode.
 Benoit Kaufman  Benoit KAUFMAN Ce brillant orchestrateur a travaillé pour les "grands" du show-biz avant d'avoir un coup de coeur pour le répertoire de Jean Guidoni.
 Pierre Louvet  Pierre LOUVET C'est le plus gourmet des pianistes, comme le savent ceux qu'il a accompagnés, c'est à dire à peu près tous ceux qui font le métier de chanter en France.
 Pierre Philippe  Pierre Philippe Cinéaste converti depuis peu à la chanson, n'abandonne sa table de montage que pour écrire les textes des chansons de Jean Guidoni.
 André Raffray  André RAFFRAY Peintre, illustrateur. Il a exécuté l'affiche de Jean Guidoni entre deux toiles de sa prochaine exposition au Centre Pompidou en mars 1981.
 Roland Romanelli  Roland ROMANELLI C'est bien sur l'accompagnteur privilégié de Barbara. Ce sera aussi celui de Jean Guidoni pour l'aventure excitante de Théâtre en Rond de Paris.
 Marcel Rothel  Marcel ROTHEL Le collaborateur des bons et des mauvais jours. Il sera le plus ému, ce soir, quand Jean Guidoni, son "poulain", affrontera le public parisien.