Opéra parlé d’une absolue noirceur, écrit par Philippe Adam et composé par Fabrice Ravel-Chapuis. Piano, violons, violoncelle. Des pièces en enfilade, interprêtées par Jean Guidoni.

La trinité

Au commencement était une résidence en Franche Comté, initiée par le CRL. Philippe Adam, écrivain, et Fabrice Ravel-Chapuis, compositeur, y élaborèrent un opéra parlé, où la voix d’un homme se mêle aux son des cordes. Ainsi les rejoint Jean Guidoni. Le fruit de leur collaboration fut présenté aux Bouffes du Nord en juin 2010 pour Paris en toutes Lettres, ainsi qu’aux Correspondances de Manosque à l’automne 2010.

Philippe l’apostat

Il se pourrait bien qu’Il manque une pièce soit la reformulation contemporaine d’une vieille hérésie : Dieu a existé, il a créé le monde mais il est mort en cours de route. Depuis, nos vies vont comme elles peuvent, tout était prêt mais rien n’est fini et, Dieu étant mort sans laisser derrière lui la moindre notice ni la plus petite fiche technique, nous sommes les brouillons d’un projet dont nul ne saura jamais le sens. Il manque une pièce, c’est ça, c’est la part manquante, ce sentiment d’inquiétude qui fait qu’on ne tient pas en place sans pour autant savoir où aller, qu’on tourne et qu’on se démène, comme si nous étions les héros, les dépositaires d’une mission vide.

La Genèse

Fabrice Ravel-Chapuis – « Au départ, j’avais en tête cette idée un peu bizarre de travailler sur le principe d’une musique métaphysique et de prolonger cet espace commun que nous avions créé en écrivant Canal Tamagawa, cette idée d’explorer un malaise, d’appuyer là où ça fait mal. »

Philippe Adam - « Après Canal Tamagawa, nous avions envie de reprendre l’exercice voix solo + piano et cordes, mais nous avions peur d’être en dessous, de faire la même chose que Tamagawa en moins bien. J’avais de mon côté un peu envie de travailler sur les fantômes, mais ma propre idée ne m’emballait pas, et lui voulait composer des musiques qu’il appelait métaphysiques, qui correspondaient à des musiques sacrées comme on peut en entendre en écoutant des requiem ou des oratorios d’église. Fabrice a commencé à travailler de son côté, sur ces musiques qu’il appelait métaphysiques. Et moi sur mes fantômes.

J’ai renoncé aux fantômes après avoir entendu un type dire à un autre, dans la rue, « le problème, tu vois, c’est qu’il manque une pièce ». Je ne sais pas de quoi ilsparlaient, mais l’idée qu’il manque une pièce, comme ça, justement, pas dans quelque chose mais dans l’absolu m’a fait oublier mes fantômes, j’avais maintenant un fantôme plus radical en même temps qu’un petit énoncé poétique, IL MANQUE UNE PIECE, dont l’absence - je ne sais toujours pas de quoi ces deux types parlaient- allait pouvoir me servir de fil conducteur. »