ALORS JE ME SUIS ASSIS (N°1)

Alors je me suis assis
Sur une chaise basse et j'ai regardé
Autour de moi cette chambre que je croyais reconnaître
Et, qui, pourtant aujourd'hui me semblait étrange, étrangère,
Vaguement hostile comme s'il s'y était passé autrefois-hier,
Un jour quelque chose qui ne me concernait pas, sans doute,
Mais qui allait un jour, demain, plus tard changer ma vie,
Bouleverser mon pauvre destin en embrouillant ces fils
jusqu'alors si lisses, si raisonnablement tendus
Entre les souvenirs et les aspirations,
L'oubli et la peur,
L'amour et le regret de l'amour,
A la façon de ces veilles malédictions
Dont je riais
Lorsqu'elles interviennent à point nommé pour donner un peu de mystère
A l'intrigue banale d'un de ces films fantastiques que j'aimais,
mais dont je n'aurais jamais pu penser que l'une d'elles puissent être,
Tout à coup, aussi tangible, là, dans cette chambre où rien,
Rien ne peut, rien ne doit jamais s'accomplir et où,
Cependant, je croyais bien la deviner
Crabe incrusté au centre du tapis,
Lustre suspendu au-dessus de ma tête et près de se décrocher,
Ou chose indéfinissable marchant en silence à la manière d'une démente
Le long de mes quatre murs gris
Paroles de Pierre Philippe, musique de Astor Piazzolla.
© 1982. Avec l'aimable autorisation des Editions Polygram. Tous droits réservés.


COUPS DE COEUR

Tu m'as dit
Comme on lancerait un défi
Je te ferai aimer la vie
Et tu m'as dit même
Je t'aime
Tu as mis
Dans mon coeur et dans mon lit
Les redoutables folles
De mon cent-millième
Poème
Mon amour
Tu as brouillé mon parcours
Tu as changé mon discours
Renouvelé mes thèmes
Trop blêmes
A mon tour
Je prends le genre troubadour
Je chante le jour
Le gris des faubourgs
Je te dis "toujours"
Avant toi
Il y avait dans mon coeur étroit
Ma vie en chemin de croix
La mort, ce suprême
Dilemme
Sous mon toit
Il est entré avec toi
Le remède contre le froid
Contre l'effroi
L'effroi
Toi, toi que rien n'effraye
Toi, tu sais les merveilles
Tu tutoies le soleil
Avec toi
Rien n'est pareil
Tu ris de mes certitudes
Tu secoues ma quiétude
Ma foutue solitude
Mes très chères
Vieilles habitudes
Les livres que je lisais
Les mots que je disais
Mes idées, mes projets
Avec toi
Sont sans objet
Tu m'as rendu la lumière
Tu fais fleurir les pierres
Et fais mousser ma bière
Avec toi rien n'est comme hier
Hier
Tu as scié
L'arbre de ma liberté
Mais j'ai pu de la beauté
Avoir le baptême
Idem
Tu m'as lié
Moi l'éternel humilié
A ton supplice familier
Ton cruel totem
Blasphème
Tu me perds
Toi dont les ongles pervers
M'opèrent à coeur ouvert
Dans un requiem
Bohème
Mais je préfère
De tes bras subir les fers
Et te laisser faire
Petit Lucifer
Vivre en ton enfer
Que nos corps
Soient notre unique décor
Le champ clos de nos records
D'amoureux problèmes
L'emblème
Sans remords
Si c'est ce feu qui nous mord
Alors qu'elle tombe sur Gomorrhe
La prude mort
La mort

© 1982. Avec l'aimable autorisation des Editions Polygram. Tous droits réservés.
Paroles de Pierre Philippe, musique de Astor Piazzolla.



MACHINE A SOUFFRIR

J'ai trouvé
Au marché aux puces de l'amour
Une machine à souffrir
Le vendeur m'a dit
Prenez-la
Prenez-la pour rien
Je vous l'offre
Elle n'a pas l'air, comme ça
Mais avec elle vous pourrez souffrir
Tout votre saoul
Je riais, cette machine entre les mains
La retournant dans tous les sens
Et je pensais
Machine hors d'usage
Ou machine pour débutant
Il me faudrait à moi l'un de ces nouveaux modèles
Qui accrochent bien sur les peaux dures
Mais l'homme insistait
Je vous assure
Comme ça, des fois
Quand ca me prend
Je l'utilise moi-même
Et savez-vous qu'elle me fait encore de l'effet?
Regardez-moi
J'ai l'air de mentir?
J'ai regardé l'homme
Et j'ai pris la machine
Il y avait tant de temps
Que je n'avais pas souffert
Qu'au beau milieu de la nuit
Je me suis réveillé en sursaut
Et pourtant, comme il était faible
Le tic-tac de la machine à souffrir
Un souffle, mais qui traversait les cloisons
Une lumière aussi, qui passait sous les portes
Et me guidait jusqu'à l'évier
Jusqu'au verre d'eau fraîche
Et jusqu'à la chaise de Formica
Où je me suis assis
Pour oser enfin la regarder
Dès ma plus tendre enfance
On m'a toujours offert
Des machines à souffrir
Et sans être grand expert
Il me semble que j'en ai vues assez
Pour savoir si l'objet
Tiendra les promesses de la notice
Ou bien si, une fois de plus
Je me suis fait rouler
Par le marchand de souffrance.
Là, le doute n'était pas possible
Cette machine avec le galbe des grands modèles
Ce fini, ce chic du grand faiseur
Avec, en plus, ces petits défauts
Qui dénotent la main de l'artisan de génie
Ces imperfections admirables
Qui font la chose rare
La pièce unique
J'ai fermé la porte à double tour
J'ai décroché le téléphone
J'ai fait sauter le commutateur
Et je me suis mis nu
Attentif à faire que rien
Rien
Ne perturbe les effets
De la machine
Puis je me suis étendu sur le lit
De tant de nuits sans histoires
Oh ta lèvre avec sa gerçure qui saigne
Oh le tronc courbe de ton coup renversé
Oh à ton bras plié la lavande amère de ton aisselle
Oh ton âme battante sous le grain de café brûlé de ton sein
Oh tes ailes coupées
Oh tes interminables jambes de girl
Oh la vipère noire de ton bras
Là ou elle t'a saigné
Et là l'aigle jaune et bleu qui n'a pas su te défendre
Oh la pyramide blanche impénétrable
Et pourtant pénétrée
Que veille le fantôme de l'éléphant de ton oreille
Oh sous ma main ce choc
Au-dessus de moi et au-dessous de moi ce choc
Et mon bras qui soulève et retient ces lourds velours
Couleur d'opéra, de boeuf saigné et de crépuscule
Comme ces toits violets
Où meurt la courbe infiniee de ton flanc
Oh ma maja desnuda
Dans la neige des draps prise
Tu dors la bouche ouverte
Murmurant quoi?
Rien
Rien que les retombées de ton programme
Les chiffres initiaux d'une sourate de ton propre Coran
Le verbe inconnu qui veut dire
Je suis bien avec toi et pourtant je ne t'aimes pas, tu sais
Je ne t'aime pas, mais ce n'est pas si mal
Puisque je fais si bien comme si
Et moi
Qui ose m'approcher de cette chose inconnue
De cet astre tombé dans mon champ optique
Comme ces grosses machines étincelantes des films de science-fiction
Tombées dans les champs de céréales du Middle-West
Moi qui regarde cette architecture inconnues
Cette peau inconnue
Ces poils en tès gros-plan
Et les minimes imperfections de ce tissu
Moi qui ose me glisser tout au long avec le soufle court
Avec la lanterne sourde de mon oeil
Avec le recul de mes doigts
J'entends, lointaine
L'immense rumeur
De mille passions oubliées
Enchevêtrées comme les queues gluantes
Du roi des rats
J'entre dans tes souterrains obscurs
J'y entends des déflagrations qui montent comme des bulles
Et viennent crever au jour
Dans le remous des duvets
Ployés comme des avoines sous un ciel d'orage
Et je vois des cicatrices jamais refermées
Impacts de balles traçantes
Qu'un homme affolé tire au hasard
Dans un labyrinthe humide et chaud
Dernier baiser
D'un inconnu assis sur la chaise électrique
Et disant au mur carrelé de blanc
où glisse une goutte d'eau salée
Je t'aime
Marchand
Tu ne m'as pas berné
Ta machine fonctionne parfaitement
Elle soupire
Elle ronronne
Elle digère
Forfait d'amour accompli
Et moi
Au long d'elle étendu
J'écoute ses circuits et son coeur de titane
Sous le grain de café brûlé de son sein
Et déjà je considère mon infinie faiblesse
Les entailles de mon corps
Où sont collées ses électrodes
Ses griffes et ses bouches
Et je redoute
L'éclat de son oeil électronique sous ses cils d'acier
Sa lueur si douce dans l'âpreté des draps souillés
Quand - dans un instant - va sonner l'heure de son réveil
Et qu'elle va me demander
Avec cette tendresse si suspecte
Et si corrosive
Tu as bien joui?
Tu as bien dormi?
Tu m'aimes?
Et bien, sûr je lui répondrai
Je t'aime
On ne doit jamais contrarier les machines à souffrir
Même lorsqu'elles analysent vos émotions
Lorsqu'elles vous parlent de leurs utilisateurs précédents
Et même lorsqu'elles vous y comparent
Car elles ont toujours connu
De ces usagers
Aux souffrances riches et distinguées
Hautes et célèbres
Souffrances raffinées auxquelles je ne puis prétendre
Evidemment
Car il n'est pas de machine pour souffrance exclusive
Et je dois me persuader
Qu'après tout
Elle n'est, pour moi,
Qu'un modèle possible entre bien d'autres
Et
Que moi
Je ne suis qu'un usager tout à fait ordinaire
Avec seulement
Peut être
En plus
La capacité de souffrir énormément
Ce qui n'est donné
Qu'à quelques-uns
Aux solitaires comme moi
Toujours prêts à gaspiller le trésor de leur bienheureuse solitude
Pour
Un misérable orgasme
Je connais ce jeu
J'y ai déjà perdu
Et je redemande des cartes
Je sais trop bien
Machine
Que je n'ai pas le droit
De te reprocher ta rouille
Les grincements de tes rouages, souvent
Tes emballements soudains
Ta lassitude, parfois, lorsque tu te dis à bout de souffle
Ne t'ai-je pas trouvée
Au marché aux puces de l'amour?

Alors
Lorsque parfois je souffre moins
Quand la tentation me prend
D'arracher ces électrodes
Et de nous rendre à nos deux solitudes
Je pense à ta propre souffrance
A ces larmes que tu ne verseras jamais
A toute cette détresse si habilement carénée
A ta splendeur trompeuse
Et je me demande
Qui
De nous deux
Est la machine à souffrir de l'autre?
Qui
De nous deux
Détient la notice la plus incompréhensible?
La tienne
Je n'ai même pas besoin de la lire
Et d'ailleurs elle est illisible
Rongée par les larmes
Les acides
Les sueurs
Mais je la connais par coeur
Et ses indications sont formelles
Elle précisent:
  1. Aucune de nos machines ne peut être garantie.
  2. L'utilisateur devra lui-même établir les règles de son bon
    fonctionnement.
  3. Un seuil de tolérance reste à situer. Il ne saurait être
    dépassé.
  4. Il est rappelé que les effets du régime particulier
    Dit
    Par commodité
    Ou dérision
    Amour
    Qui peuvent apparaître au-delà du seuil de tolérance
    Ne sont imputables en aucun cas
    Au constructeur de l'appareil
    Ce dernier ne peut dès lors être tenu pour responsable
    Des accidents qui en résulteraient.
  5. Il existe un recours
  6. Une simple adaptation technique permet en effet
    De transformer
    A la demande expresse de l'utilisateur
    La machine à souffrir
    En machine à mourir.
Texte de Pierre Philippe.
© 1982. Avec l'aimable autorisation des Editions Polygram. Tous droits réservés.
 
 
SOLO

A toujours
M'interroger sur ton amour
A t'espionner pour mettre à jour
Le secret de tes chambres-fortes
J'ai fini par faire
Qu'il soit moins respirable l'air
Et qu'elle soit trouble l'eau claire
Baignant les choses qui nous portent
J'ai beau raisonner
Tenter de me dépassionner
Et trouver disproportionnés
Tous ces indices qui t'escortent
Je fais surveillance
Entre la honte et la défiance
Guettant tes moindres défaillances
Ecoutant ce que l'on colporte
Ce que le vent lui-mème emporte.
Qu'a-t-il de plus nouveau que moi
Ce tout nouveau film que tu vois?
Qu'a de plus inédit que nous
L'écharpe neuve que tu noues
Dis-le moi
Tu sais que je peux tout entendre
Avoue-moi
Ce que je ne veux pas surprendre
Parle-moi
Je te promets de tout comprendre
Réponds-moi
Surtout ne te retourne pas
Je suis si grotesque n'est-ce pas
Sur tes pas?
Tes raisons
Trop prévisible trahison
Sont de celles que nous taisons
Qu'en s'aimant vraiment on supporte
J'aurai dû prévoir
Qu'après qu'elles aient su t'émouvoir
Elles perdraient un jour leur pouvoir
Les cicatrices que je porte
Que certain sanglot
Ne supporte que le solo
Et qu'il faut être bien salaud
Pour oser demander main-forte
Alors tu peux bien
Te plonger dans ton quotidien
En me traitant de comédien
Tu peux me sourire, que m'importe
Je sais que nos amours sont mortes
Tout çà n'est pas nouveau pour moi
Je l'ai lu tant et tant de fois
Cette histoire n'est même pas à nous
Ces coeurs, ces mains qui se dénouent
C'est, crois-moi
Minable et sans aucun méandre
Des émois
Comme les gares en ont à revendre
Où larmoie
Géraldy et son goût de cendre
"Toi et moi"
Mais j'aurai peur si j'étais toi
De ce type qui s'apitoie
Et qui embrasse tes genoux
En répétant bêtement nous
Nous
Nous
Nous
Paroles de Pierre Philippe, musique de Astor Piazzolla.
© 1982. Avec l'aimable autorisation des Editions Polygram. Tous droits réservés. 

ALORS JE ME SUIS ASSIS (N°2)

Alors je me suis assis sur le banc noir
Et j'ai regardé autour de moi
Ce lieu que je pouvais reconnaître
Et qui, maintenant, aujourd'hui, me semblait si proche,
Familier, presque amical, et comme si depuis toujours comme cela,
Moi, ici, les choses étaient inscrites et décidées, sans doute,
Allant de soi, ici,
Moi seul, perdu mon sort fixé,
Mon pauvre destin classifié et évidant des liens soudain si lisibles,
Si raisonnablement tendus entre mes pensées et mes actes manqués
Ma vie et ta mort,
L'amour et le regret,
A la façon des ces trops claires déductions
Dont je riais lorsqu'elles intervenaient à point nommé
Pour donner un peu de logique au final obscure d'un de ces films policiers que j'aimais,
Mais dont je n'aurais jamais pu penser que le scénario, tout à coup,
Ressemblerait à tant à cette histoire-là,
Notre histoire, aussi gris, aussi banal qu'elle, et qui, cependant
Je crois pouvoir m'en souvenir recèlait l'image belle et mystérieuse,
Inexplicable et pourtant décisive, d'un placard aux portes ouvertes
Et encore, d'un lit bien fait dans une chambre claire,
L'un et l'autre illuminés par une simple paire de draps blancs.
Paroles de Pierre Philippe, musique de Astor Piazzolla.
© 1982. Avec l'aimable autorisation des Editions Polygram. Tous droits réservés.

LES DRAPS BLANCSLES DRAPS BLANCS

Je n'avais jamais eu de chambre à moi
Ni seulement
L'un de ces lits où - dit-on - l'on se noie dans
Des draps blancs
Je n'avais jamais eu que des divans
Des lits étroits
Que des couches où l'on dort comme en plein vent
Et où l'on a froid
Enfant, j'ai toujours appris mes leçons
Fait mes devoirs
Dans la salle à manger où, grand garçon
Soir après soir
J'ai fait mon lit dans un angle du mur
Où j'ai rêvé
A toutes les couleurs de l'aventure
Comme à la tévé
Puis j'ai retenu mon souffle en rentrant
Après minuit
Pour ne pas alerter mes chers parents
De mes ennuis
Ils devaient pour travailler se lever
Avant le jour
Et auraient bien sûr jugé dépravées
Mes pauvres amours
J'errais alors dans les tristes banlieues
Où l'on attend
Rien
Et où l'on marche des lieues et des lieues
En espérant
Qu'un
Geste ou qu'un regard bouleversera
La petite
Vie
Que les parents ont mené là
Sans en avoir vraiment envie
C'est dans des draps blancs que tout commence
Et que tout finit
Beaux draps repassés de l'existence
Aux plis bien jaunis
Jamais vraiment tirés de l'armoire
Des nuits sans envie
Draps secs, draps vierges et draps-mémoire
De bien trop mornes vies
Malheur à toi, toi qui voulais mieux
Que vivre à demi
Faire de tous tes jours des fêtes-dieu
Aux riches semis
Sur tes draps aux couleurs de lilas
De fleurs pourpres en lourds entrelacs
Brassées de pavots au coeur grenat
D'oeillets noirs et de trèfles incarnats
Bouquets de sauge et de datura
Roses roses et roses baccarat
Liées dans leur parfum scélérat
Purulent opéra
J'ai trop connu de ces draps élimés
Avant leur temps
Tristes draps d'hôtel où sont imprimées
Des fleurs des champs
Simples comme celles des cloisons
Comme bonjour
Qui ont fait dépérir de leur poison
Tant et tant d'amours
C'est dans ces fleurs décolorées que j'ai
Pu modérer
Mes belles ardeurs et mes grands projets
Que j'ai serré
Quelques corps, quelques coeurs qui mont appris
A me guérir
De ces erreurs meublant mon bel esprit
Jusqu'à en mourir
Mais c'est là qu'un jour entre ces deux draps
De nylon sec
Toi que je n'attendrais plus tu viendras
Et tout avec
Avec ces riens qui font un roi du pire
Nécessiteux
Et l'amour instaurera son empire
Dans mes draps douteux
Riant, nous irons tous les deux choisir
La première
Paire
De draps blancs qui seront nos désirs
Voiles sur la Mer
Voilure de navire, voilage de noces
Et parfumés
Tels que la toile de fil d'Ecosse
De la sainte nappe de l'autel
C'est dans des draps blancs que tout commence
Et que tout finit
Je n'aurais pas su saisir ma chance
Saisir l'ironie
De ce sort qui commande ce soir
Comme une anarchie
Des draps blancs maculés de noir
En un sanglant gâchis
Malheur à toi qui voulais mieux
Que vivre à demi
Faire de tous tes jours des fêtes-dieu
Aux riches semis
Sur tes draps aux couleurs de lilas
De fleurs pourpres en lourds entrelacs
Brassées de pavot au coeur grenat
D'oeillets noirs et de trèfle incarnats
Bouquet de sauge et de datura
Roses roses et roses baccarat
Liées dans leur parfum scélérat
Purulent opéra

Paroles de Pierre Philippe, musique de Astor Piazzolla.
© 1982. Avec l'aimable autorisation des Editions Polygram. Tous droits réservés.



Réalisation & conception ©  Eric Castaing.